Système d’informations et Patrimoine : Qu’est-ce que la conservation préventive ?

Berlino, Duomo
« À côté d’une ride, une cicatrice. »
C’est, peut-être, Victor Hugo, qui résume le mieux les stigmates du Temps, et des Hommes, sur le patrimoine. En l’occurrence, l’écrivain fait ici allusion à Notre-Dame de Paris, mais de manière plus large, cette maxime est l’observation de cette conséquence immuable et constante.

LE CONTEXTE

De nombreux récents événements (incendie du Musée National de Rio, Inondations dans les Châteaux de la Loire, Destruction des Mausolées de Tombouctou…) témoignent d’une fragilité du patrimoine face aux cas de forces majeures, notamment. En parallèle de ces catastrophes il est important de souligner que la première cause de dégradation des œuvres provient de sources continues. Climat, pollution, expositions aux visites, autant de facteurs transformant les conditions de conservation. Ces influences extérieures vont soumettre les œuvres à des conditions pour lesquelles elles n’ont pas été préparées.
Aujourd’hui, cette fragilité observable fait émerger une crainte viscérale : existe-t-il un moyen de renforcer la préservation du patrimoine culturel par des méthodes préventives ? Comment peut-on sauver ce qui est unique, parfois lourd de sens pour une communauté avant sa dégradation ? En faisant une synthèse globale sur les plans d’actions actuels de protection des œuvres dans les musées, il est possible d’observer que de manière quasiment systématique : protéger l’œuvre est synonyme de restauration. Il ne s’agit donc pas vraiment de protéger, mais plutôt de réhabiliter le patrimoine une fois trop usé.

QU'EST-CE QUE LE PROJET SENSMAT ?

Or, dans le cadre de son Horizon 2020, l’Union Européenne, inaugure un projet unique au monde concernant la protection du patrimoine. Le projet SENSMAT (Preventive Solutions for SENSitive MATerials of Cultural Heritage), étalé sur trois ans (2017-2020), est la rencontre de différents acteurs issus des milieux des sciences sociales, et des nouvelles technologies. Ce projet repose sur le partage des connaissances et des techniques dans le domaine de la préservation du patrimoine culturel matériel. Son objectif est de construire un système d’information capable de proposer des stratégies personnalisées de conservation du patrimoine culturel, à partir d’informations collectées par des capteurs intelligents installés au plus près des objets à préserver.
Cette mission repose sur un triptyque de critères : coût bas (<20 – 30€ pour la plate-forme de base), éco-innovation et espace collaboratif. La solution est logiquement à destination première des petits et moyens musées, qui grâce à la modélisation multi-échelle, aux systèmes de gestion des données, aux plates-formes collaboratives et aux réseaux de communication par capteurs (IoT), pourront définir des alertes en temps réel des dangers possibles pour les œuvres. En se basant sur des expertises dans le transfert des connaissances, la formation et les recommandations de pratiques à adopter faciliteront la standardisation des procédures. Ainsi, la définition de nouvelles politiques réduit alors les risques de dégradation et les traitements de conservation coûteux.
Ce projet, regroupe pas moins de 18 partenaires, issus de 7 pays européens, parmi lesquelles des instituts de recherche sur la conservation du patrimoine, des musées nationaux et régionaux, travaillent en collaboration avec des entreprises de toutes tailles dans le domaine des objets connectés.

LE RÔLE DE BASSETTI DANS LE PROJET SENSMAT

Au sein de ce projet, BASSETTI va se charger de la création d’une base de connaissances sur les stratégies de conservation du patrimoine culturel et d’un système d’aide à la prise de décision grâce à une application mobile dédiés à l’usage des conservateurs des musées.
À cet égard, le responsable du projet dans l’entreprise confie : « Notre expertise dans l’organisation et la valorisation des données, alliée au traitement des signaux monitorés par des capteurs, permets de contextualiser les informations, afin de définir les plans d’actions potentiels. Ceux-ci peuvent être ensuite partagés entre différents musées, car dans un enjeu de conservation préventive, la communication doit s’effectuer grâce aux partages des bonnes pratiques. »
En se basant sur l’interconnexion entre les objets surveillés, la structuration de l’information en référentiel centralisé permet de rendre accessible l’information à celui qui en a besoin et donc d’augmenter la réactivité.
Alors, le savoir-faire des parties prenantes du projet est une condition non-négligeable à la réussite du projet. Mais pour ce faire, le projet SENSMAT entend développer une méthodologie combinant le décloisonnement des connaissances techniques et la mise en communauté des bonnes pratiques.
Avec ce projet, la conservation préventive entre de plein pied dans le champ de la prédiction des dégradations des objets culturels. En effet, dans ce type de système, la conservation préventive est établie sur la capitalisation et la valorisation de l’information. Grâce à la connaissance construite par les données des capteurs, il est possible de construire des plans d’actions et alors de prédire, plus que prévenir, la dégradation du patrimoine culturel matériel, en tenant compte des conditions environnementales.
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